L’ensemble patrimonial de Sant Pere del Bosc a plus de mille ans d’histoire. Ses origines en tant que monastère bénédictin remontent à l’an 986, à la suite d’une attaque subie par le couvent de Blanes. C’est à cette époque-là que se forma ce que nous connaissons aujourd’hui comme Sant Pere del Bosc, bien qu’à ce moment-là, ce groupe de bâtiments construit autour d’une chapelle fût baptisé Sant Pere Salou.
Les moines, pour leur part, ne cessèrent de subir des attaques, notamment celle de 1694, lorsque les envahisseurs français y mirent feu, forçant ainsi les moines à quitter Lloret et à rejoindre la congrégation de Sant Pere de Galligants, après quelque 700 ans de présence. Malgré sa destruction, l’enclave de Sant Pere del Bosc demeura un lieu de pèlerinage très apprécié de la part des habitants de Lloret. C’est ainsi que la chapelle fut reconstruite en 1759, grâce au financement de la confrérie des pêcheurs de la ville, qui firent faire un magnifique retable baroque très ressemblant à celui de la paroisse de Cadaqués. En 1860, déjà, lors du désamortissement promulgué par le général Mendizabal, la reine Isabelle II mit aux enchères toute une série de propriétés de l’église qui étaient en désuétude. À Lloret de Mar, les chapelles de Santa Cristina et de Sant Pere del Bosc furent ainsi mises en vente. Les habitants de Lloret, totalement opposés à l’idée que ces deux sites tombent dans des mains étrangères, organisèrent une collecte populaire afin de réunir les fonds exigés par la couronne. L’argent récolté permit d’acheter Santa Cristina, mais pas Sant Pere del Bosc, dont le prix de 200 mille réaux était totalement désorbité pour l’époque. Le maire en place, Agustí Font i Suris, décida alors d’écrire à son cousin, Nicolau Font i Maig, parti à Cuba très jeune pour hériter de la fortune de son oncle, qu’il avait su faire prospérer de manière exponentielle grâce à sa grande capacité de gestion. Nicolau aida donc Agustí en achetant Sant Pere del Bosc via un mandat. Nicolau Font, que tout le monde appelait « Comte de Jaruco » –bien qu’il n’acceptât jamais ce titre en raison de ses fermes convictions républicaines– ne revint de Cuba que 20 ans après avoir racheté Sant Pere del Bosc, vers 1880. Une fois l’achat effectué, il se voua corps et âme non seulement à la restauration de l’ancien site de Sant Pere del Bosc –qu’il embellit considérablement grâce à la contribution de grandes personnalités des arts appliqués comme l’architecte Josep Puig i Cadafalch, le sculpteur Eusebi Arnau, le peintre et décorateur Enric Monserdà, etc.–, mais aussi à la création d’une espèce de route spirituelle et artistique entre Lloret et le sanctuaire, érigeant d’importants monuments comme les croix de chemins, l’Oratoire de la Sainte Vierge de Grâce ou le monument consacré également à la Vierge de Grâce communément appelé « L’Angel » (L’ange). Au XXe siècle, Pius Cabañas, descendant de Nicolau Font, fit construire une nouvelle aile au bâtiment principal afin d’héberger une maison de retraite, baptisée du nom de son oncle. Cette résidence resta à cet endroit jusqu’aux années soixante, puis fut transférée vers des dépendances annexes de l’hôpital municipal, où elle est encore en activité. Pendant la Guerre civile espagnole, Sant Pere del Bosc subit de grandes destructions, dont la plus dramatique fut l’incendie de l’autel baroque (datant de 1759). Aujourd’hui, Sant Pere del Bosc, qui appartient toujours aux descendants de Nicolau Font i Maig, héberge un restaurant et un hôtel qui furent inaugurés en 1981 et en 2011, respectivement.